Comment exprimer son désaccord ?

La relation entre un employé et son supérieur peut parfois être altérée par un désaccord qui peut déboucher sur un différend ou sur un licenciement. S’opposer à son « patron » est donc un exercice à la fois délicat et risqué.

En 2009, une étude américaine a montré qu’un salarié sur deux ne travaillait plus dans la même entreprise deux ans après s’être opposé ouvertement à sa hiérarchie…

Face à cela, certains collaborateurs s’abstiennent de toute contestation par peur des réactions. D’autres plus téméraires montent au créneau et peuvent s’attirer la foudre de leur supérieur sans jamais obtenir gain de cause.

Cependant, lorsque la situation l’exige et que les arguments du salarié sont efficaces et réfléchis, son audace est acclamé.

Des divergences, il y en a et il y en aura toujours. C’est tout à faire normal. L’unanimité permanente d’une équipe ressort plus d’un idéal que de la réalité. Et les décisions prises en commun ne sont pas forcément les meilleures.

Lorsque l’on n’est pas d’accord, il faut le dire. Mais il n’est toujours évident d’exprimer un désaccord de point de vue avec son supérieur. Cela met dans une position pas très confortable. Car manifester son désaccord à son boss requiert de la réflexion sur l’art et la manière d’exprimer les choses.

Affirmer son désaccord c’est prendre le risque de passer pour celui qui casse l’ambiance du groupe. Pourtant, il demeure essentiel pour l’entreprise de donner la liberté aux employés la liberté de pouvoir exprimer leur désapprobation avec son responsable.

Alors comment manifester son désaccord à son supérieur sans déclencher un conflit ?

Voici à cet effet quelques conseils sur l’art et la manière d’exprimer son désaccord à son chef sans s’attirer les foudres.

Faire un état des lieux avant d’exprimer son opinion

S’engager dans une controverse pour signifier à son boss qu’on ne va pas dans le même sens que lui, soit. Mais à quel prix ? Le jeu en vaut il la chandelle ?

Bon nombre de salariés qui ont eu à exprimer un désaccord point de vue face à leur supérieur se voient plus tard réprimandés pour la moindre méprise, parfois jusqu’à ce que démission s’en suive.

D’autres sont longtemps privés d’augmentation de salaire pendant que leurs collègues progressent ou dans le pire des cas sont tout simplement remercié.

Pour se mettre à l’abri de mauvaise surprise, il est essentiel de dresser une liste plus ou moins exhaustive détaillant les risques auxquels on s’expose :

  • blâme,
  • rétrogradation,
  • « placardisation »,
  • licenciement,
  • etc.

La palette des réactions est très large, allant d’une simple réprobation au mieux ou d’un licenciement au pire, jusqu’aux… félicitations. Il faut donc se renseigner au préalable sur les antécédents de l’entreprise dans la gestion de désaccord et de divergence de point de vue.

Il faut chercher à savoir si, par le passé des employés ont manifesté des opinions contraires à celles de la hiérarchie et les réactions qui ont suivi.

A prendre également, en compte l’ouverture d’esprit ou au contraire pour la rigidité dont font preuve les dirigeants mais aussi la taille et la culture de la structure dans laquelle on travaille. Le dialogue est souvent plus facile à établir dans une PME que dans une multinationale.

Ne pas avoir peur d’exprimer son désaccord à son supérieur hiérarchique

Parler ou se taire? Telle est la première difficulté à laquelle est confronté un collaborateur en désaccord avec les décisions de son supérieur.

Heureusement, la réponse à cette question semble de plus en plus claire. Si deux décennies plus tôt, critiquer sa hiérarchie était synonyme de prendre la porte, faire part de ses griefs est devenu aujourd’hui un soft-skill, une qualité professionnelle car c’est de la confrontation des idées que naît la meilleure décision.

Les patrons sont de plus en plus ouverts à ce genre de discussion. Oser exprimer son opinion par rapport à une décision du supérieur démontre l’intérêt du collaborateur et son implication dans l’entreprise, cela favorise le travail d’équipe et mène parfois des pistes de solutions.

A contrario, ce qui handicape les managers de nos jours ce sont plutôt les employés béni-oui-oui qui n’expriment aucun jugement critique à propos des décisions prises. Il est donc recommandé de ne pas garder ses remarques pour soi même. Quelqu’en soit l’issue, tout le monde en profitera.

Toutefois, il faut éviter de passer pour le râleur de service. Plus les désaccords d’un employé sont rares, plus ils sont pris en considération. Autrement dit, il faut éviter de contester tout et n’importe quoi à longueur de temps.

S’opposer à une orientation stratégique qui pourrait nuire à l’entreprise ou s’insurger contre une injustice, ça va; mais se rebeller pour une simple histoire de machine à café vétuste, quand même pas!

S’assurer d’avoir un concours de circonstances favorable

Manifester son opposition, c’est aussi une question de timing. Avant de s’exprimer il faut prendre le temps, choisir si c’est le moment opportun… en d’autres termes s’assurer que l’interlocuteur est dans de bonnes dispositions pour écouter !

Il faut prendre le temps de bien réfléchir, peser le pour et le contre, analyser les différentes issues. Pour critiquer son patron, il vaut mieux s’assurer les bonnes grâces du chef, être bien vu.

Entretenir de bonnes relations avec sa hiérarchie aide à mieux faire passer son message. Avoir un bon niveau de productivité au sein de l’entreprise, un comportement exemplaire au bureau sont des atouts majeurs pour celui qui exprime son désaccord.

Pour s’épargner la foudre de ses supérieurs, il faut veiller à se montrer irréprochable dans son travail, exécuter ses tâches avec la plus grande minutie possible pour avoir son mot à dire face au patron. Il est conseillé de jouer la carte de la prudence et de rester habile.

Un employé modèle en tout temps a plus de crédibilité lorsque qu’il s’oppose à certaines décisions.

D’autre part, exprimer son désaccord à la sortie d’une réunion administrative délicate n’est pas forcément la plus judicieuse des idées. Les chances d’obtenir gain de cause sont considérablement réduits sinon très minimes.

Généralement, le moment propice pour notifier un désaccord se situe souvent dans les semaines suivant la signature d’un contrat juteux ou une performance personnelle appréciée par la hiérarchie.

Solliciter un tête à tête

On l’a vu, contredire son supérieur en public n’est pas forcément une idée à privilégier en entreprise. Le supérieur risque de le prendre personnellement. Il se fermera donc à toute proposition afin d’affirmer son autorité devant les autres collaborateurs. Il faut éviter les mises en cause publiques.

Il est donc préférable de solliciter un tête à tête pour pouvoir exprimer librement son désaccord. Inutile non plus de se précipiter dans le bureau de son patron juste après une décision prise à la réunion. Le risque d’user des mots violents est élevé.

Il faut prendre le temps de vérifier que l’on dispose de toutes les ressources et arguments nécessaires pour étayer son point de vue. Il est recommandé d’aborder le sujet avec des collègues pour recueillir leur point de vue et connaître leur vision des choses.

On peut par exemple envoyer un e-mail à son supérieur pour prendre rendez-vous tout en précisant clairement ce dont on souhaite discuter, sans pour autant y manifester sa divergence. Une autre possibilité est de proposer un déjeuner à son chef, une occasion propice pour la discussion. Cette dernière option n’est valable que s’il existait un lien de confiance entre le collaborateur et sa hiérarchie.

Quelque soit l’option choisie, il faut s’assurer de disposer d’assez de temps (une demi-heure au minimum) pour bien s’expliquer et s’assurer que la discussion ne finisse pas sur un malentendu ou un quiproquo.

Toutefois, à la prise de certaines décisions, il faut dire ce que l’on pense à la réunion, sur le champ sans pour autant être désagréable, car il y a des décisions qui une fois prises et validées à l’unanimité en réunion ne sont plus discutables. Il sera trop tard après de revenir dessus.

Certes, on se retrouve beaucoup plus exposé devant ses collègues que dans le bureau ou en tête à tête avec son chef. En même temps, c’est aussi une opportunité de pouvoir obtenir le soutien de l’équipe et de donner ainsi plus de poids à ses propos.

Exprimer un désaccord se fait dans le calme

Une fois en face de son supérieur, le plus dur commence. Il faut lui faire part de son opinion sans toutefois remettre son autorité en question. Il faut rester professionnel et objectif. Il ne faut se montrer émotif.

On peut commencer ses récriminations par une phrase du type “J’ai sans doute mal compris tel ou telle chose mais il me semble que…”.

Énoncer les faits, rien que les faits ! Par exemple, présenter des courbes, des informations tangibles, des calculs et des tableaux Excel pour démontrer la décision prise peut affecter négativement les performances de l’entreprise.

Le plus efficace est de partir de l’objectif commun : augmenter la satisfaction client, faire baisser les coûts, etc….

S’il y a une chose qu’il ne faut surtout pas faire, c’est se laisser submerger par l’émotion ou d’émettre des jugements de valeur. Il faut éviter de faire des reproches ou encore de sous-entendre que son patron ne connaît pas le métier ou ne maîtrise pas le domaine. Cela lui ôtera toute envie de prendre votre requête en compte.

Tout ressentiment personnel doit être laissé à la porte du bureau. Cela évite de passer pour un élément perturbateur ou une personne qui a du mal à contrôler ses émotions.

Trouver une alternative

Une critique a plus de chance d’être prise en compte si celui ou celle qui l’exprime apporte une solution. Une critique accompagnée d’une solution alternative et argumentée trouver plus  son audience qu’un simple: «Je ne suis pas d’accord. (point final)».

Plutôt que de critiquer ouvertement, il est préférable de faire part d’une alternative, un terrain d’entente, une vision différente. L’interlocuteur sera d’autant plus enclin à prêter oreille aux récriminations.

Le fait de fournir des suggestions solides et objectives démontre la maturité et le sérieux du collaborateur, ce qui très apprécié par les managers. En gros, si s’opposer est parfois nécessaire, proposer, c’est mieux.

Pour réussir son argumentaire, il faut d’abord présenter les faits, puis partager son avis, avant de soumettre des options en rassurant son employeur qu’on est tout à fait disposé à travailler avec lui et à effectuer le bon choix.

Cette technique d’argumentation en quatre temps porte un nom : DESC. DESC pour « Description des faits, Expression de son opinion, Suggestion d’une solution et Conséquences positives pour tous ».

On pense non seulement aux arguments qu’on veut faire valoir mais aussi et surtout, aux approches et solutions qu’on a à proposer. Il faut pour commencer s’imprégner du point de vue de son patron, et non chercher à tout prix de faire entendre sa propre opinion.

Les supérieurs tiennent parfois compte de certains impératifs dont on n’a pas toujours connaissance. En prenant le temps d’écouter son supérieur, peut-être qu’on comprendra mieux sa décision et qu’on sera finalement du même avis que lui. Autrement, on lui dit qu’on ne va pas dans le même sens que lui et on propose nos idées.

Cela dit, il faut garder à l’esprit ouvert que s’il n’y a pas de compromis possible il faudra se ranger derrière la décision de son supérieur car après tout c’est lui le boss.

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